Alphonse Hutsch

Né à Echternach le 1.7.1943
Vit et travaille à Junglinster
au Grand Duché de Luxembourg

 

Ce texte qui dessine mon cheminement vers la peinture abstraite, que mon regretté ami  Guy Wagner , homme de lettres et critique d’art, a tracé pour mon exposition au Château de Bourglinster en 1995, me semble, aussi au vu de mes peintures récentes, toujours très approprié. A. H.

A propos de la peinture d’Alphonse Hutsch

Entre cieux et terres

L’art d’Alphonse Hutsch vient du dessin, plus précisément de la caricature.

Cet art, il l’a exercé pendant de longues années, avec une constante passion, avec une rigueur toujours pareille, une rigueur en accord avec son dond’observation, qui s’affinait à mesure qu’il progressait dans sa voie.

Si l’observation chez ce dessinateur, et à plus forte raison chez le caricaturiste, doit être extrêmement vigilante, attentive au moindre détail, elle doit néanmoins garder une tendresse évidente devant l’objet observé.

C’est bien cette tendresse qu’on retrouve dans la peinture d’Alphonse Hutsch.

Sa peinture fut initialement figurative. Comment eut-il pu en être autrement chez un dessinateur?

Elle avait comme sujet l’environnement de l’artiste et montrait son fort
attachement aux paysages qui l’entourent; cette terre du «Gutland», ce sol assagi, intense dans sa coloration brune qui en trahit la fertilité, la moisson promise; ce ciel du «Gutland» avec ses bleus et ses gris, sa lourdeur annonçant les orages les plus violents, les pluies les plus drues, celles qui fertilisent un sol dont se ressent l’intensité des couleurs.

Et voici qu’au cours des années la peinture d’Alphonse Hutsch se métamorphosait.

Elle devenait lentement, progressivement, le dépouillement même du regard que l’artiste posait sur son environnement, et l’on sait que la représentation de la réalité n’est pas la réalité, que l’art n’est pas dans ce qu’il représente, mais dans la façon de représenter une vision de la réalité, et que c’est de la qualité de cette représentation que dépend son degré artistique.

La peinture d’Alphonse Hutsch rejoignit les espaces de l’abstraction.

Il appliqua à ses peintures les lois de cette abstraction qu’on a appelée «lyrique».

Oui, chez cet artiste, l’abstraction est bien lyrique, liant à la fois la poésie et la musique.

Évidemment, celui qui a suivi la démarche d’Alphonse a pu constater combien cet art restait attaché à ses racines, celles du dessin; il a pu constater aussi que rien n’était jamais acquis à cette peinture, mais que l’artiste la reconquérait toujours, lentement, progressivement, à force de travail: sur sa technique, sur son approche, sur sa réalisation, sur son application de structures, de formes, de couleurs.

Aussi Alphonse Hutsch n’est-il jamais entré sans un «circuit».

Il ne fait partie d’aucun cénacle, d’aucune équipe.
Il est indépendant et a su conserver son indépendance. Aussi n’expose-t-il que quand il est convaincu d’avoir fait un pas en avant. Il ne produit pas à la chaine, ni ne reproduit des «recettes» déjà éprouvées.

Ce qui lui importe, c’est que sa peinture soit vraie, qu’elle demeure fidèle à sa démarche rigoureuse, méticuleuse.

Certaines des voies qu’il avait prises, il devait les prendre pour pouvoir s’éprouver, quitte à constater qu’elles menaient à une impasse.

Ces cheminements ont cependant été salutaires. Ils lui ont mieux fait comprendre où il en était de sa façon de voir et de concevoir l’art, et, ce faisant, le peintre a conquis sa maturité.

Voici les nouvelles œuvres d’Alphonse Hutsch: des œuvres matures dans toute leur richesse expressive. Celle-ci est d’autant plus authentique que l’artiste est fidèle à lui-même.

Ses paysages, il les a définitivement intériorisés. Ils sont devenus siens. Ils sont toujours liés au dessin, dont ils démontrent la qualité première: celle de recréer les lignes, les structures, les mouvements.

Chez Alphonse, ce sont les lignes, les structures, les mouvements des prés, des collines, des champs labourés de son «Gutland», et parfois ceux d’autres horizons notamment du sud de la France, que les paysages imposent au regard qui en suit l’élan vers l’horizon.

Ils recréent l’intensité de la rencontre entre cieux et terres, ces chocs de couleurs et de lumières, et chez cet artiste, ces lumières sont loin d’être uniformes, mais, tout comme les impressionnistes et leurs successeurs ont disséqué jusqu’au point limite l’effet des couleurs sur la rétine, la recherche d’Alphonse Hutsch sur la lumière, sur les effets de lumière, va aux limites des possibilités expressives: rarement a-t-on vu, chez un artiste de chez nous, la prétendue non-couleur du blanc devenir aussi intense et intensément colorée.

Rarement aussi, chez nous, un peintre a réussi à montrer une diversification et une richesse expressive aussi grandes, avec une palette de couleurs en fait assez réduite, mettant notamment l’accent sur les bleus et les bruns, issus de son entourage, ou encore sur les verts et des touches de rouge des paysages réels.

Il en résulte la beauté simple et pure de ces œuvres en technique mixte:
peintures à l’huile sur fond acrylique, avec éléments de collage, sur toile et sur carton.

Il en découle la force expressive qui, pour celui qui est prêt à la confronter, sera source d’émotions vraies.

Guy Wagner

Je pense qu’un peintre n’a qu’à peindre et qu’il ne doit ni parler, ni écrire pour donner des explications à ses oeuvres ou pour y ajouter quelque chose.

Léon Zack, Bruxelles, avril 1948

 
 

Acrylique sur toile 120 x 100 cm (Détail)

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